3. L’échelle urbaine de l’oasis de Boukhara
Plus au sud du principal point d’intérêt touristique qu’est Samarcande, la capitale de la région de Boukhara, du même nom, dispose aussi du label Patrimoine de l’Humanité. Le Centre historique de Boukhara, au cœur d’une oasis, remonte à plus de deux mille ans et constitue historiquement un centre économique et culturel important de l’Asie centrale. C’est un exemple phare de cités islamiques bien préservées d’Asie centrale du Xème au XVIIème siècle, dont le tissu urbain est resté relativement intact. Centre culturel majeur du Califat au VIIIème siècle, il offre désormais quelques vestiges datant de la période antérieure aux invasions mongoles de Gengis Khan en 1220 et de Tamerland en 1370. La vieille ville est aussi un témoin de l’urbanisme de la période chaybanide des rois ouzbeks, à partir du début du XVIème siècle, date de la citadelle reconstruite.
Les monuments majeurs sont la tombe d’Ismail Samanai (architecture du Xème siècle), le minaret de Poi-Kalyan, chef-d’œuvre de la décoration en briques aussi appelée tour Kalan (photos), de même que la plus grande partie de la mosquée Magoki Attori et du mausolée Chashma Ayub

L’intérêt touristique de Boukhara, notamment soutenu par le label UNESCO qui le rend visible sur la carte des plus importants monuments du monde, tient moins à ses édifices envisagés individuellement qu’à la lecture qui peut être faîte de son paysage urbain, incarnant le niveau élevé de l’architecture, que l’on doit au départ à la dynastie chaybanide. L’UNESCO retient pour expliquer sa labellisation que :
- C’est l’exemple le plus complet et intact d’une ville médiévale d’Asie centrale,
- Son influence sur l’évolution de l’urbanisme citadin d’une grande partie de l’Asie centrale est primordiale,
- Entre le IXème et le XVIème siècle, Boukhara a été le plus grand centre de théologie musulmane, particulièrement pour ce qui est du soufisme, au Proche-Orient, avec plus de deux cents mosquées et plus de cent madrasas.
Ainsi, l’UNESCO considère que « Le bien présente tous les attributs qui justifient sa valeur universelle exceptionnelle. (…) Malgré le défaut de sensibilité de nombre de constructions nouvelles de 1920 aux années 1950 et les dommages sismiques, Boukhara conserve dans une large mesure son ambiance historique et un tissu urbain pour l’essentiel intact. Toutefois, l’intégrité du bien est menacée par l’impact agressif de la salinité et des eaux souterraines et par les termites qui causent une érosion des structures en bois. De plus, de très nombreux bâtiments remarquables en terre sont dans certains quartiers extrêmement vulnérables en raison de la détérioration du tissu historique » (site web UNESCO).
Voilà un terrain d’étude intéressant tant pour les chercheurs français que les étudiants normands invités à se rendre à Boukhara pour y réaliser des stages dès 2022. L’école hotellière où nous envisageons d’intervenir pour donner cours, vise à prendre le statut d’un Institut d’hôtellerie et de management touristique. Aussi, notre contribution vient témoigner des efforts d’internationalisation de cet établissement de formation, par le prisme de la langue française. Elle sera celle enseignée grâce aux compétences de l’IUT d’Evreux et du laboratoire NIMEC, afin que les étudiants ouzbeks puissent disposer d’une nouvelle langue dans leur métier en plus de celles déjà utilisées que sont l’ouzbek, le russe, le turc et l’anglais. Pour les étudiants français qui sont susceptibles de se rendre en Ouzbékistan, l’étude du tourisme sur des sites UNESCO, est l’occasion d’étudier des thèmes nouveaux encore méconnus de la littérature scientifique française. L’échange est profitable à chaque partie mais tout est encore à construire.
En conclusion, ces trois échelles d’étude de cet espace méconnu viennent aussi nourrir une connaissance du monde pour les équipes ébroïciennes en sciences de gestion, qui se doivent d’ouvrir au monde les étudiants eurois pendant leur parcours de trois ans d’étude avec le BUT (bachelor universitaire et technologique).